Comment pourraient-ils comprendre ? #JeSuisCharlie

J’ai peur pour mes enfants. Des terroristes, non, nous n’en avons pas peur. Mais là, par exemple, je rentre de chez la nounou. C’est fou comme cela fait peur de rentrer de chez la nounou. Depuis 3 jours, j’ai doublement peur : je rentre de chez deux nounous, celle de Voilabébé et celle de Voilabébé2. La route, c’est dangereux. Mes fils ne le savent pas, n’en ont pas conscience. Voilabébé fonce à toute allure sur sa draisienne bois et rouge. Il s’amuse, accélère. Alors qu’il arrive au croisement, je l’intime de s’arrêter. Il croit que je souhaite simplement qu’il m’attende. Il ne s’imagine pas que j’ai peur, peur qu’il se fasse écraser. Non vraiment, la route c’est dangereux, elle me fait craindre pour mes enfants.

Nous arrivons à la maison. Enfin, le soulagement. Ici, pas de voiture. Je ne connais pas les statistiques mais le risque de mort doit être sacrément diminué à la maison. Un soulagement ? Pas ce soir. Mes fils ne le savent pas, ne peuvent pas en avoir conscience mais, l’attentat de Charlie Hebdo dans la tête, je suis triste ce soir. Je tente de n’en rien montrer. A 2 ans pour l’un et 3 mois pour l’autre, comment pourraient-ils comprendre ?

Caricatures et danger de mort Expliquer les attentats aux enfants

Et pourtant, tout à sa spontanéité habituelle, Voilabébé m’émeut. Il ne le sait pas, n’en a pas conscience mais il a une bonne idée. Une idée qui pourrait lui valoir de risquer davantage sa vie à la maison qu’en traversant la route ? Non, je ne peux l’imaginer. Alors je l’encourage, ce sera notre mini hommage à nous. Pour le bain, on verra plus tard. Ce soir, on a mieux à faire, Voilabébé veut faire un dessin… Nous n’avons pas peur.