Parler aux enfants sans tabous, c’est possible ! Entretien avec Sophie Forte

Sur les planches au théâtre Rive Gauche à Paris jusqu’au 30 décembre (mercredi et samedi à 14h et 14h30), Sophie Forte chante et s’amuse avec les enfants. En filigrane, elle aborde des sujets graves… tout en douceur. Entretien.

Voilapapa : Parmi vos titres de chansons, lequel vous définit le mieux ?

Sophie ForteVivons vite !

V. : Vous faisiez rire les adultes chez Fabrice, Laurent Ruquier, Christine Bravo. Vous abordez désormais des sujets profonds avec les enfants. Que s’est-il passé ? Vous avez voulu renverser la table ?

Sophie Forte : je n’ai pas cherché à faire quoi que ce soit. J’ai commencé à écrire pour les enfants… et j’ai été dépassée ! Sur la route avec mon groupe, je chantais pour les adultes. Je leur ai fait lire mes textes pour enfants. Ils m’ont dit que c’était chouette, voilà comment tout a commencé. Comme mes trois enfants, ce n’était pas prévu au programme !

V. : vous pensez que les enfants ne sont pas suffisamment pris au sérieux ?

Sophie Forte : On les prend au sérieux mais je pense qu’on se restreint trop. Tous les sujets sont tout à fait abordables de façon simple, à condition de se mettre en place. Pour autant, j’ai conscience d’appartenir à un milieu privilégié où l’enfant est respecté, peut fréquenter de bonnes écoles… Ailleurs, d’autres enfants sont malheureusement maltraités, les parents n’ont pas su gérer. Emmener les enfants au spectacle, c’est par exemple une démarche qui montre qu’on les respecte.

V. : Ceci signifie que votre spectacle et vos chansons sont également destinés à aider ces enfants ?

Sophie Forte : le spectacle peut aider les enfants et leurs parents à parler ensemble. Beaucoup de sujets sont dédramatisés. Des enfants viennent me voir pour me dire que la chanson sur le divorce, ou celle de l’homosexualité, ont permis de réduire une distance.

Sophie Forte au Théâtre Rive Gauche jusqu'au 30 décembre

Sophie Forte au Théâtre Rive Gauche jusqu’au 30 décembre

V. : Ces derniers jours, plusieurs parents blogueurs (C’est quoi ce bruit, Je suis papa) ont d’ailleurs aborder le sujet du mensonge. Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Sophie Forte : Pour tout dire à un enfant, il faut être très psychologue, voir si on est capable de dire les vérités d’un bloc. Mes chansons peuvent permettre de faire passer les choses en douceur.

Dans la chanson J’y crois, l’enfant déclare croire à tout. Aux lutins, au père Noël bien qu’il ressemble beaucoup à papi, etc. Dans le fond, il n’y croit pas tout à fait… mais il veut faire plaisir à ses parents ! Vis-à-vis du père Noël, tout le monde est complice ! Le père Noël fait partie de l’excitation générale, c’est onirique. Alors que dans le cas de certains sujets sensibles, le mensonge peut être vraiment horrible et briser le lien de confiance entre l’enfant et ses parents.

V. : « Chou Fleur », votre nouveau spectacle, est sur scène au théâtre Rive Gauche. Un cabaret pour les enfants mais pas que… l’expression vous convient ?

Sophie Forte : Quand j’entends cabaret, je pense à une succession de numéros déclinés par divers artistes. « Chou Fleur » est plutôt une histoire en mots et en chansons, une comédie musicale. C’est l’histoire d’un personnage qui veut se faire accepter. On touche à un vrai questionnement de l’enfant : il ne veut pas être exclu, se bat pour faire partie du groupe. Il a envie d’être aimé, accepté. Au cours de son histoire, de nombreux sujets le touchent. C’est l’histoire d’une tentative d’intégration. Il y a toujours des petits messages dissimulés mais je ne suis pas Françoise Dolto, c’est clownesque ! J’adore, ça m’amuse beaucoup ! j’adore faire rire mais pas seulement. Il y a également des moments tendres qui provoquent des émotions.

V. : Les émotions sont différentes selon que vous jouez pour les adultes ou les enfants ?

Sophie Forte : L’enfant s’exprime, il danse. La réactivité est immédiate ! Et alors, les parents se lâchent, se détendent. C’est une osmose entre tous les âges, c’est chouette. Et puis, ils ne rient pas toujours aux mêmes moments. Les adultes sourient davantage quand ils captent le second degré quand les enfants hurlent de rire devant un gros gag. C’est drôle !

V. : Souhaiteriez-vous aborder d’autres sujets dans l’avenir à travers vos chansons et vos spectacles ?

Sophie Forte : Je prépare un nouvel album qui traite de nouveaux sujets : le handicap, le déménagement, le départ de grand-père en maison de retraite… L’enfant n’aime pas qu’on perturbe ses habitudes, il a besoin de ses repères. A l’âge de 10 ans, ma fille vit par exemple des amitiés qui se déchirent. Un chagrin d’ami, c’est dur.

Pour trouver de nouvelles idées, c’est tout simple. Je regarde mes enfants, ce qui les préoccupe… et les thèmes arrivent de manière toute naturelle.

V. : Une dernière question… Vous tournez vos clips avec des ribambelles d’enfants. Les tournages doivent être marrants ?

SF : Oh oui ! Pour le clip Mon P’tit Frère, on a tourné avec les copains de mes enfants avec les moyens du bord. Dans leur école, dans mon appart’. Des souvenirs merveilleux !

V. : Merci pour cet entretien. De la bonne humeur et de la profondeur, c’est tout Sophie Forte !

Courrez l’applaudir au théâtre Rives Gauches à Paris… Plus qu’une semaine !

Et découvre son enivrant nouvel album rempli de chansons d’enfance : Un petit poisson !

Quand j’étais petit

Quand j’étais petit, les jours de la semaine avaient des couleurs, chacun la sienne. Lundi, je voyais bleu, mardi, c’était jaune et mercredi jour rouge (c’était aussi le jour où la lessive coûte plus chère). Le jour bleu, je ne voulais pas me lever ; le jour jaune non plus mais je préférais que le jour soit jaune, c’est plus beau. Le jour rouge, on n’avait pas école. Je pensais qu’ils l’enlevaient l’école le mercredi. Pour l’emmener ailleurs, dans un pays où le mercredi ne tombe pas un jour rouge – un jour sans école – mais un jour bleu par exemple, ou jaune.

Mon école

Mon école

N’empêche, le jeudi matin, elle était toujours à l’heure, l’école. Pomponnée, maquillée tout en vert, elle nous attendait. Avec tous les instits dedans, les fesses collées à la chaise de leur bureau. Ceux qui peignaient les jours, c’était eux, j’en étais sûr : ils passaient leur vie à l’école (ça aussi j’en étais sûr) et on avait interdiction de toucher aux murs (peinture fraîche ?). Le dimanche aussi, on l’enlevait l’école mais là, les instits ne peignaient pas. Ils se reposaient, comme nous. Dimanche, c’était jour blanc.

La vie en filtres Instagram, c’était sympa. Et puis, j’ai grandi. Lundi est devenu lundi quoique parfois boutonné avec mardi.

Ceci est ma contribution au thème très chouette (Quand j’étais petit…) proposé par le blog Sabine et Associés

Un deuxième bébé ?

Il n’était pas trop tard hier soir, pour une fois. Tout le monde était sorti et le canapé était grand, pour une fois. Un deuxième bébé…

Assis sur le canapé, un deuxième bébé dans les bras, un tout petit, un bébé de 3 mois. L’autre bébé dans mon dos, de 12 mois son aîné, assez grand pour faire le malin et courir à l’autre bout du canapé, revenir en criant, courir à l’autre bout du canapé, revenir en criant… Voilabébé, si petit quand il est seul à la maison, tellement grand à côté du petit bébé. Seul assis sur un canapé entouré de deux bébés, cela ne m’était jamais arrivé.

Nous venions prendre l’apéro et j’ai finalement pris un bébé. Je l’ai rendu ensuite, certes, mais au moment de le prendre dans les bras, la même émotion que l’an dernier, celle que j’avais ressentie quelques toutes petites semaines avant la naissance de Voilabébé et relatée ici. A l’époque, les bébés me laissaient là, pantois sur un canapé. Aujourd’hui, j’ai un bébé, mais rien n’a changé, même pas le canapé.

J’ai vécu une véritable pub Kinder. Tous les adultes sortis du salon, je reste avec les deux enfants et l’apéro. Voilabébé court de plus en plus vite. Je fais des petits bonds le long du canapé pour l’empêcher de tomber. Bondir à la vitesse du grand bébé, faire des gouzis-gouzis sur le menton du petit bébé et me voilà débordé.

Et là, l’erreur : je me suis pris à penser que deux bébés, c’était beaucoup. Et là, solution, le grand bébé s’écroule sur le canapé. Et éclate de rire. Je ris aussi… Et le petit bébé aussi. On a ri tous les trois. Juste comme ça. Bonheur, un véritable quart d’heure Charles Ingalls vous voyez. L’espèce de moment parfait qui ne dure qu’un quart d’heure histoire qu’on puisse continuer à dire que « la perfection n’est pas de ce monde ». Et puis, je ne suis pas né de la dernière pluie. Charles Ingalls est parfait, certes. Mais il est bien le seul. Une fois qu’il a ri avec ses 7 enfants, il part couper du bois dans la neige, lui. Tandis que je me contente de couper du saucisson. « La perfection n’est pas de ce monde ».

Après la photo, Charles Ingalls s'en ira couper du bois

Après la photo, Charles Ingalls s’en ira couper du bois

Partageant si peu avec Charles Ingalls – le prénom excepté -, je m’assagis rapidement : un deuxième bébé ? Mais ce n’est pas raisonnable, comment veux-tu assumer deux bébés à la maison ? Regarde-toi dans un miroir Voilapapa. Et puis deux bébés, ça veut dire deux fois plus d’idées de cadeaux de Noël à trouver, des nuits deux fois plus courtes et des valises deux fois plus lourdes.

… Mais j’ai goûté au quart d’heure Charles Ingalls.

Des nouvelles du séjour linguistique de Voilabébé

Nous marchions vite et nous n’aurions pas dû. Le vol avait du retard, plusieurs jours. Il a fallu patienter entre ces 4 murs couleur hall-d’aéroport. Les hôtesses étaient sympa. A son arrivée, elles lui ont attaché un petit badge autour du poignet avec son nom et son prénom, comme chez Air France pour les moins de 16 ans. Sauf l’âge, elles ont dit que ce n’était pas la peine de le préciser… Et puis, nous sommes rentrés et lui avons montré la maison, sa chambre mais pas les toilettes, je le reconnais.

Qui dit séjour linguistique dit apprentissage de la langue française. Où en est-on ? Voilabébé me ressemble quand, adolescent, je retrouvais tout content le soir ma famille anglaise de Canterbury. J’avais parlé anglais toute la journée. Tu parles, j’avais répété « sorry » à tout bout de champ, rien de plus, peut-être un « yes » m’avait-il échappé dans un moment d’inattention mais c’est tout. Et moi qui pensais avoir parlé anglais… Voilabébé et le français, c’est la même chose. Voilabébé répète  » ‘erci  » à tout bout de champ. On lui donne une Paille d’or, il remercie :  » ‘erci « . On lui reprend la Paille d’or, il remercie :  » ‘erci « . Et il est content, comme son père en Angleterre.

Voilabébé est content

Voilabébé est content

L’échange linguistique est une formule qui lui convient à merveille. Il n’a pas peur de parler, ah ça non, il n’a pas peur. On ne comprend rien… Excepté  » ‘erci » bien sûr. Et « bye » mais on n’est pas en Angleterre.

Nous aussi, on lui parle. Parfois, il comprend qu’on l’appelle prendre le bain. Et parfois non. Il reste là, les yeux grand ouverts, la bouche aussi, il attend un indice, un geste de notre part qui indiquerait une direction pour partir aussitôt et donner le change. L’impression d’avoir un Estonien à la maison. Mais on nous a dit qu’il n’était pas Estonien. On ne sait pas grand-chose de son pays d’origine. Voilamaman pense avoir une vague idée sur la question, moi pas. Par un jeu subtil de déduction, j’ai compris que, là d’où il vient, on n’utilise ni la fourchette ni la chaise percée. Ce ne doit pas être l’Angleterre…

Avec Pampers et l’UNICEF, luttons contre le tétanos du nourrisson

Le tétanos tue encore. 100 millions de femmes et leurs nourrissons sont menacés par cette maladie en raison des pratiques insalubres lors de l’accouchement. Or, cette grave infection due à l’intoxication du système neuromusculaire est évitable. Par la vaccination.

 

Comment mettre une couche

Depuis 2006, en partenariat avec l’UNICEF, Pampers a recueilli et envoyé 300 millions de vaccins contre le tétanos. Le résultat est là : en 7 ans, la maladie a été éradiquée dans 10 pays. La Carte Pampers-Unicef 2013 montre les avancées obtenues depuis 2006. C’est encourageant mais les enfants d’une trentaine de pays sont encore menacés par le fléau et 58 000 bébés meurent chaque année du tétanos néonatal durant leur 1er mois de vie.

Alors l’éradication totale, c’est pour quand ? Si 300 millions de vaccins sont réunis à l’horizon 2015 alors la maladie disparaîtrait de la surface du globe. Voilà l’objectif commun fixé par Pampers et l’UNICEF. Eliminer totalement la maladie… Facile à dire bien sûr et nous n’en sommes pas là. Pourtant, aujourd’hui, les avancées sont réelles et peuvent être soutenues. Comment ?

Jusqu’au 31 décembre, l’engagement pour la récolte de vaccins contre le tétanos peut prendre 2 formes :

=> l’achat d’un paquet de couches Pampers = 1 vaccin récolté

=> 1 like ou 1 partage sur les publications Pampers / UNICEF = 1 vaccin

Dans le cadre de la campagne contre le tétanos néonatal, Pampers et l’UNICEF ont par ailleurs lancé une initiative sympa. Des caméras ont été confiées à des enfants âgés de 7 ans afin de filmer le quotidien de leur enfance en bonne santé. Voici le film de Buhle, souriante et toute jeune réalisatrice ! Toutes les vidéos sont disponibles sur la chaîne YouTube Pampers France.

Si cette cause vous touche, n’hésitez pas à prendre part à la lutte pour l’éradication du tétanos du nourrisson…

2 initiatives pour lutter contre le tétanos néonatal

2 initiatives pour lutter contre le tétanos néonatal

Avant, on ne parlait pas

Avant, je regardais mes pieds. Et je regardais les siens, tout proches, pas collés aux miens mais tout proches. On partageait la même moquette, pas grand-chose d’autre. On ne parlait pas.

Le miroir, au fond, je le voyais mais ne voulais pas me regarder dedans. Il eut fallu relever la tête, hausser le regard, pas envie, ça me cassait les pieds.

Elle aussi ne vivait que pour ses pieds. Elle regardait les siens, la tête baissée, les miens aussi j’imagine. On les regardait pour ne pas se les casser, les pieds. Pour ne pas parler. Et puis, on se disait au revoir (On s’était dit bonjour aussi). Par molle convention, pour regarder nos pieds, tranquilles, sans mauvaise conscience. J’avais eu envie de parler parfois. C’était compliqué. La pluie et le beau temps ? Sujet impossible en l’absence de fenêtre. Les enfants, le repas de la veille, les films au ciné, sujets improbables. Alors on ne parlait pas.

Et ce matin, c’est arrivé. Voilabébé débarque. Il court sur la moquette avant de s’écraser contre le miroir et de tomber dessus, la moquette. Elle me regarde, non, elle rit et nous regarde. Elle pose des questions, son âge, et le reste. Je réponds, Voilabébé sourit. Je crois même qu’on aurait pu parler ciné, repas de Noël et fête des Lumières. La prochaine fois peut-être, demain matin.

Avant, dans l’ascenseur, la vieille de l’étage du dessus et moi, on ne disait pas un mot. A présent, c’est une boîte à parlotte. Un papa, ça n’apprend pas à bébé à parler. C’est le contraire.

Prendre son pied dans le triangle des Permudes

… Le pied de Voilabébé.

En bon père, Voilapapa évite de lui prendre le pied quand Voilabébé se trouve en position debout. Voilabébé trouve ça casse-pied, et casse-binette surtout. Paf, sur les fesses.

Non, quand Voilapapa lui prend le pied, Voilabébé est allongé sur la table à langer. A travers ce pied (le droit, le gauche peu importe. Souvent le droit tout bien réfléchi), une relation se donne à voir, une histoire qui dure, non pas un triangle du désir amoureux mais un triangle du désir tout court. Le désir de changer la couche pour Voilapapa, le désir que Voilapapa ne change pas la couche pour Voilabébé. Le conflit est là : je désire changer sa couche ; il ne veut pas que je change sa couche.

On s’en sort comment ? Par l’intervention d’un tiers : le pied. Et voilà le triangle. Mais pas n’importe quel triangle. On se rappelle le célèbre triangle des Bermudes, zone de tous les dangers où les avions sont pris dans de fatales turbulences et les carènes des navires se disloquent. Je vous présente le triangle des Permudes (Pères-mudes, le jeu de mot est facile), autre zone à haut risque où Voilabébé est turbulent et son père se désespère.

Nous avons nos 3 pointes : Voilabébé, Voilapapa et le pied de Voilabébé (souvent le droit).

Voilapapa est bien entendu plus grand que Voilabébé, il occupe la pointe supérieure. Voilabébé est dessous, couché sur la table à langer, son pied (souvent le droit mais souvent le gauche aussi tout bien réfléchi) dans l’axe du corps. En schéma, le triangle des Permudes en position initiale, ça donne ça :

(Le triangle des Permudes : situation 1) Jusqu’ici, tout va bien

(Le triangle des Permudes : situation 1) Jusqu’ici, tout va bien

Si la dysenterie touche les marins perdus dans les brumes du triangle des Bermudes, la diarrhée est fréquente dans le triangle maison, celui des Permudes. L’erreur du débutant est survenue dès les premières semaines : ne pas enlever le pantalon de Voilabébé au moment de le changer. Résultat, du caca partout sur les pieds et Voilapapa obligé de les lever très haut pour y échapper. En schéma, ça donne ça (les pieds très hauts, Voilapapa dessous occupé à nettoyer le doux postérieur de Voilabébé) :

(Le triangle des Permudes : situation 2) Le pied levé très haut pour éviter toute rencontre Voilapapa/caca

(Le triangle des Permudes : situation 2) Le pied levé très haut pour éviter toute rencontre Voilapapa/caca

Les mois passent. Voilapapa transpire à grosses gouttes et se dit que l’humidité des Tropiques, celle des Bermudes, ce n’est pas son truc. L’ennemi, ce n’est pas un quelconque phénomène inexpliqué et soudain, non, la véritable bête, c’est le temps. Jour après jour, pire, nuit après nuit, le dos courbé comme le galérien sur sa rame, enchaîné à la table à langer, il subit. Sans plus la force de dire « chut », ses lèvres laissent échapper un vague « chhhh ». Epuisé, il est 3 heures du matin, Voilapapa est l’ombre de lui-même, un vaisseau fantôme, le nouvel Hollandais volant qui erre dans l’eau caraïbe. Le temps passe, l’animal résiste, grandit, son univers aussi : Voilabébé ne se résigne pas et refuse de croupir ici, dans ce foutu triangle de l’horreur, sur cette frêle coque de noix que la puériculture nomme « table à langer ». Elle devient trop petite. Voilabébé veut s’en passer au risque de tomber. Le triangle s’écroule. Pour changer la couche, ça donne ça :

(Le triangle des Permudes : situation 3) Tout s’écroule…

(Le triangle des Permudes : situation 3) Tout s’écroule…

Voilapapa mûrit, son organisme s’adapte. Il veut remettre Voilabébé sur la table à langer. Il prend le taureau par les cornes, et a une idée, prendre Voilabébé par le pied. Pourquoi Voilabébé se tiendrait sur la table à langer quand on lui tient le pied (souvent le droit) ? Parce que ce n’est plus un pied. Mais un joystick. Voilabébé rigole, Voilapapa est rassuré. Au moins, il reste tranquille. 3 semaines passent, le joystick n’amuse plus Voilabébé, il réclame à nouveau de descendre de la table à langer. Horreur, le triangle risque d’aspirer à nouveau Voilapapa. Il doit trouver autre chose.

Depuis lors, la prise du pied dans le triangle des Permudes est une course à la surenchère : ce n’est plus un joystick mais un essuie-glace ! Et maintenant que l’essuie-glace est démodé, place au micro chantonne Voilapapa. Euh non, reste tranquille, le micro, c’est fini, nous sommes entrés dans une nouvelle phase : ce n’est plus un pied, ce n’est plus un joystick ni un essuie-glace, non, non, ni un micro. Désormais, dans un grognement cro-magnesque, Voilapapa saisit cette branche étrange aux 5 petits petons.

Voilapapa et le pied droit de Voilabébé

Voilapapa et le pied droit de Voilabébé

Je n’ose imaginer la prochaine étape, je ferai appel à Spielberg. C’est un budget mais je n’ai qu’un seul objectif : maintenir le triangle des Permudes en place sur la table à langer. Coûte que coûte.

(Le triangle des Permudes : situation 4 et, espérons, finale) La surenchère

(Le triangle des Permudes : situation 4 et, espérons, finale) La surenchère