Il paraît que la visite d’une tribu reculée, recroquevillée autour de la maison de l’homme le plus rassurant du village, le sorcier, est compliquée à organiser. Le chemin jusqu’à l’entrée du village, ça va. C’est l’étape d’après qui est moins facile pour une raison simple qui se répète de village en village : le rituel. Un ensemble de gestes et d’attitudes qui te paraissent sans intérêt, mais auxquels ils tiennent, eux, comme à la prunelle de leurs yeux. Et finalement, pas besoin d’être une tribu reculée (ça rassemble à quoi d’ailleurs une tribu qui recule ?), c’est vrai partout. Ici, on entre chaussures aux pieds, là en chaussons, là-bas on ne nous fait même pas rentrer. Le rituel, c’est compliqué, on ne sait jamais sur quoi on tombe, à quelle convention se conformer. Ca me dépasse.
Coucher un enfant, de manière tout à fait basique, ça doit ressembler à ça :
1. Je veux coucher Voilabébé
2. Je couche Voilabébé
3. Voilabébé est couché
4. Voilabébé dort
Et ça se réduit souvent à ça :
1. Je veux coucher Voilabébé
2. Je veux coucher Voilabébé
3. Je veux coucher Voilabébé
4. Voilapapa s’est fait coucher par Voilabébé
Et voilà que j’entends que pour coucher un bébé, il y a un rituel. L’horreur. On a essayé l’autre option : ne pas rentrer dans le village du Sommeil de bébé. Cette option pose un problème certain : pas de rituel certes mais pas de sommeil non plus. Ni pour l’enfant, ni les parents. C’est intenable, nous n’avons plus le choix : il va falloir se frotter au rituel.
A quoi ça ressemble un rituel ? Au lieu d’avoir d’une action, tu en as 15 minimum. C’est un peu le même principe que le palan. Imaginez-vous soulever un tronc d’arbre (ça vous arrive souvent avouez) à l’aide d’une corde. Le tronc est trop lourd, il ne bouge pas d’un millimètre. Echec. Ton voisin, lui, soulève un tronc d’arbre identique sans effort ! Comment fait-il ? C’est simple. Sa corde, il en a fait un palan. Il ne s’est pas contenté d’accrocher la corde au tronc d’arbre. il a fait des dizaines d’allers-retours avec la corde entre le tronc d’arbre et son tronc à lui et le tour est joué : le palan ainsi créé démultiplie les forces. Soulever le tronc d’arbre devient un jeu d’enfant.
Le rituel, c’est la même chose. C’est censé rendre les choses plus simples parce que chaque action est décortiquée, démultipliée, millimétrée. On ne compte plus 4 étapes mais 4 étapes décortiquées en dizaines de sous-étapes et de sous-sous-étapes :
1.
11.
111.
112.
113.
12.
121.
etc.
Le délire… Le palan, c’est pratique mais quand tu l’achètes tout fait en magasin. Voilà où réside le drame du rituel : toutes les étapes, tu te les tapes. C’est peut-être rassurant mais ça n’en demeure pas moins fastidieux. Je n’y arriverai jamais. Voilabébé ne dormira jamais, et moi non plus.
Et j’ai participé à une table ronde de blogueurs organisée par Pampers et Fisher Price…
Les blogueurs présents lors de la table ronde Pampers-Fisher Price
Et voilà que la discussion lors de cette table ronde m’a apporté deux éclairages.
D’une part, je n’avais pas fait le tour de tous les éléments influant sur la qualité du sommeil. Le lit, l’heure du coucher, la p’tite histoire, certes. J’avais oublié la couche ! Je n’avais pas pensé au fait qu’une couche plutôt qu’une autre change la manière de dormir. Une étude européenne menée par Pampers montre pourtant que la couche et le sommeil ne font qu’un…
L’intervention d’Aude Becquart, consultante en puériculture, m’a apporté d’autre part une aide déterminante, notamment sur un point : le rituel, c’est pas sorcier. Il n’a pas à devenir immuable et sacré. Si bébé est rassuré et accepte de dormir, c’est bien le signe que les gestes posés sont bons (j’interprète à ma manière, ce ne sont pas les propos d’Aude Becquart). Une telle manière de voir les choses semble tout à fait logique ? Certes. Mais à force d’entendre parler de rituel, je suis heureux d’entendre de la part d’une professionnelle que « rituel » ne rime pas nécessairement avec « formel » mais bien avec « bien-être » et « mise en confiance ». Le geste concret que j’ai retenu de la part d’Aude Becquart et applique tous les soirs : une fois le moment du coucher passé avec Voilabébé, je quitte la chambre en 10 secondes, pas une seconde de plus ! Pas d’au revoir déchirant : le sommeil n’est qu’un bon moment à passer…